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Les bateaux de plaisance bientôt recyclés en carrelages et plans de travail ?

Demain, les bateaux de plaisance seront recyclés en carrelages, plans de travail et revêtements intérieurs pour l'habitat

Demain, les bateaux de plaisance seront recyclés en carrelages, plans de travail et revêtements intérieurs pour l'habitat

La France a mis en place, sous l'impulsion de la Fédération des Industries Nautiques (FIN) une filière de déconstruction des bateaux de plaisance qui sert désormais d'exemple à l'étranger, en particulier en Europe.

ActuNautique a rencontré Mirna Cieniewicz, secrétaire générale de la Fédération Européenne du Nautisme (European Boating Industry), qui souligne le rôle moteur de la France en Europe dans la mise en place d'une véritable démarche organisée dans le domaine de la déconstruction des bateaux de plaisance, et aborde la question de l'utilisation des déchets engendrés par cette filière, grâce à des recherches menées en Italie.

Mirna Cieniewicz, aujourd'hui, quel est le panorama mondial dans le domaine du recyclage des bateaux de plaisance ?

Mirna Cieniewicz - La situation est très simple : aujourd'hui seuls 4 pays dans le monde disposent d'une filière organisée, à savoir le Japon, la France, la Finlande et depuis quelques mois, la Suède. A ce titre, la France joue un rôle moteur dans ce domaine, étant l'un des principaux marchés nautiques. mondiaux, et sa démarche, tant au niveau de l'APER (Association pour la Plaisance Eco-Responsable) que de l'organisation des différents acteurs qui participent de cette activité., sert clairement de référence en Europe.

Quel est le principal frein à une généralisation du recyclage des bateaux de plaisance en fin de vie ?

Mirna Cieniewicz - Le principal frein est d'ordre économique, à savoir qu'il faut payer pour pouvoir éliminer le déchet composite, alors que dans d'autres filières industrielles, les déchets comme l'acier ou l'aluminium, voire certains plastiques, sont valorisés sur le marché des matières premières.

Comment pourrait-on résoudre ce problème ?

Mirna Cieniewicz - Des recherches ont été conduites en Italie et présentée par l'Ucina, la Fédération Italienne des Industries Nautiques, qui sont très prometteuses. Un brevet a ainsi été déposé, qui permet de faire d'un déchet composite issu tant du recyclage d'un bateau en fin de vie que du recyclage d'un déchet issu du cycle de construction d'un bateau neuf, un nouveau matériau, recyclable indéfiniment. 

Un déchet permet donc de générer un matériau !! quelles seraient donc ses champs d'utilisation ?

Mirna Cieniewicz - Les premières utilisations prototypes testées l'ont été dans le domaine des revêtements, par exemple dans les revêtement de sol, les plans de travail, l'architecture intérieure et le design de l'habitat. Ce matériau peut être mélangé à d'autres déchets, comme par exemple du textile ou du polystirène, ce qi permet d'en décliner des variations nombreuses dont les rendus sont très créatifs.

Mirna Cieniewicz, secrétaire générale de la Fédération Européenne du Nautisme (European Boating Industry)

Mirna Cieniewicz, secrétaire générale de la Fédération Européenne du Nautisme (European Boating Industry)

Cette démarche de la filière nautique européenne est-elle comprise et soutenue par les instances européennes ?

Mirna Cieniewicz - La Commission Européenne a participé en décembre dernier à un débat sur la question qui avait lieu lors du Nautic, dont l'objectif était de lui permettre de comprendre comment la filière pouvait être stimulée au niveau européen, pour inciter chaque pays à mettre en place la démarche initée en France, en Filnande et en Suède, sachant qu'il reste des grandes questions à traiter.

Lesquelles justement ?

Mirna Cieniewicz - Qui paye pour la déconstruction par exemple. Aujourd'hui, c'est l'utilisateur final. Il est souhaitable que ce ne soit pas le cas à l'avenir, à l'instar de l'automobile ou le dernier propriétaire n'a rien à payer. Une autre question a trait à la fiscalité relative à ce type d'activité. Aujourd'hui, c'est une fiscalité à taux plein. Faut-il mettre en oeuvre une fiscalité à taux réduit et si oui, comment ? Il y a aussi de nombreuses questions juridiques. Ainsi, un bateau abandonné sur le domaine public ne pourrait-il pas être simplement enlevé et déconstruit ? De nombreux aspects administratifs et juridiques sont sans doute à simplifier. 

L'exemple de la filière nautique est-il élargissable à d'autres banches industrielles, ne serait-ce qu'en France ?

Mirna Cieniewicz - La filière nautique française n'utilise que 4% du matériau composite consommé chaque année. Il y a de nombreux secteurs qui sont de facto intéressés par la démarche mise en place par l'Aper, comme l'automobile et la construction, qui représentent à eux seuls, près de la moitié de la consommation de composite !! Il y a sans doute des réflexions pluri-sectorielles à organiser, pour créer une filière gobale sur le matérieux composite.

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